Les Autres Mondes

Avez-vous entendu parler de Fenrir ? Fenrir est un groupe français (cocorico !), originaire de Nancy, que nous soutenons depuis leur création, en 2006. Après s'être fait connaître avec deux EP fort prometteurs reçus très positivement par la critique, Fenrir revient en force avec leur premier album "Echoes of the Wolf".
Fenrir affiche un style mélangeant plusieurs influences, mais dont les origines principales sont la musique celtique, folklorique. Diluée dans un Heavy Metal puissant, leur musique n'a cependant rien à voir avec celle de leurs confrères affublés de l'étiquette hasardeuse de Pagan/Folk Metal, tels que Korpiklaani ou Eluveitie. La première différence, c'est que Fenrir met l'accent sur l'instrument principal, le violon, quitte à faire passer les guitares au second plan. Deuxième particularité, le chant, qui est féminin et proche du lyrique, et non Heavy/Black masculin.
Pour commencer l'album, Fenrir fait chanter les violons et violoncelles. La cadence montant crescendo, les violons s'intensifiant, la batterie (à la rythmique curieusement électronique) donnant le tempo, les choeurs faisant élever leur voix, il est temps de se réveiller (le morceau s'intitule "Awakening") et partir à l'aventure en accompagnant Fenrir dans leur univers fantastique et médiéval.
L'album débute avec le puissant "Morrigane's Fury", au rythme soutenu, au violon ultra rapide, savamment orchestré avec des guitares Heavy. Le chant d'Elsa y est tout simplement divin, rappelant Tarja dans ses vertes années. Sa voix est aigüe, parfaitement maitrisée. Les années de chant en chorale ont porté leurs fruits !
Idéale pour nous plonger dans l'univers du groupe, l'harmonie des instruments (le duo guitare/violon) et le chant sont là pour nous émerveiller avec des légendes du folklore celte ou médiéval. Les influences sont nombreuses, diverses et variées. Prenons par exemple "Morrigane's Fury", où Morrigan désigne une déesse de la mythologie celtique irlandaise. Mentionnons également "The rainbow bridge", le pont arc-en-ciel qui, comme le dit la légende, serait emprunté par les défunts pour rejoindre le Paradis. Citons ensuite "Macbeth" qui, outre le fait que ce nom soit connu pour la célèbre tragédie de Shakespeare, était avant tout un roi d'Ecosse. Puis "Fenrir", qui a donné son nom au groupe, et qui désigne dans la mythologie nordique le loup géant qui dévora Odin.
De multiples sources d'inspiration donc, pour créer une musique originale et brillamment interprétée. Les choeurs amplifient les refrains, apportant davantage d'envergure à la voix d'Elsa. Les soli de guitare sont précis et s'adaptent à la perfection au chant plaintif des violons. A propos de violons, ceux-ci ont été enregistrés par Elsa et Sophie. La magie qui se dégage du son du violon est omniprésente dans l'album, apportant son lot d'émerveillement et de son charme celtique.
Calmant les esprits avec un morceau plus calme, on redescend légèrement en tempo avec "The Tale of Talesin" (là aussi, Taliesin étant une figure importante de la mythologie celtique et de la littérature galloise). Le temps de souffler un peu, et on repart sur les chapeaux de roue avec "The Battle of Stirling". Les guitares sont imposantes, la batterie rapide, et le chant féminin y est complété par des choeurs masculins. Pour ce morceau-ci, on se rapprocherait presque d'un Rhapsody Of Fire ! Idem pour le titre suivant, "Lost in Twilight", où guitares et violons se donnent la réplique avec entrain.
Puis de nouveau, on fait une petite pause dans le Metal. Fenrir propose "Pavane", chanté en français (ce sera d'ailleurs le seul sur cet album !), évoquant les danses baroques du XVIè siècle ("Belle qui tient ma vie"). Un classique moyenâgeux maintes fois repris, et pas seulement dans le Metal.
Dernière ligne droite de l'album, avec par exemple "Prancing Poney", un titre entièrement instrumental, très dansant ! Notons également le remarquable "Tristan &Iseult", morceau très rapide, aux guitares explosives et aux violons tourbillonnants.
Enfin, on termine l'album avec un autre morceau instrumental, "Gaya". Le piano accompagne les violons, et l'ensemble conclut à la perfection ce "Echoes of the wolf"
15 titres pour plus d'une heure de musique, cela peut paraitre beaucoup, et je vois déjà d'ici certains se plaindre de s'ennuyer sur la longueur et de décrocher avant la fin. Je conçois que pour certaines personnes, tout ceci peut sembler répétitif... Cependant, même sans être l'album du siècle, saluons l'énorme travail de composition musicale. Fenrir a un réel potentiel et cet album est un pur moment de magie.